L’ADN du TAM, c’est sa diversité!
Quelques pièces emblématique du Tam ont donnée envie au jeune Sébastien -alors inscrit aux ateliers ados - de s'investir pleinement dans la troupe. Une vingtaine d'années plus tard, il a marqué l'histoire du Tam avec des créations fortes comme
Le Baron de Münchhausen ou Ruy Blas.
Metteur en scène, comédien, membre du conseil d'administration et surtout membre très actif du Tam, Sébastien est l'un des piliers les plus créatifs.
Rôles que vous avez aimé interpréter ?
Mon aventure avec le TAM a commencé il y a des années. Si je devais penser à quelques rôles qui m’ont marqué, ce serait d’abord celui d’un vieillard émouvant dans la pièce « Turbulences et Petits détails » de Denise Bonal, que j’ai interprété aux côtés de François Chaverot quand je faisais partie de l’atelier ado. Lorsque j’ai intégré la troupe adulte, j’ai eu le plaisir de goûter à plusieurs personnages qui ont également marqué, à leur manière, ma mémoire : d’abord le rôle de Jack Tong dans « Musée en Croûte », création 100% originale et complètement avant-gardiste, puis le rôle jubilatoire de Henri III dans « La Nuit des Reines », comédie écrite par Michel Heim, et celui très fort d’Azdak dans « le Cercle de Craie Caucasien », classique de Bertolt Brecht. Plus récemment, j’ai eu la chance d’interpréter Cortès dans « Aztèques » de Michel Azama, un rôle dramatique et percutant.
Henri III dans La Nuit des Reines - Michel Heim - 2006
Quelle(s) pièce(s) du Tam avez-vous particulièrement aimé ?
Quand j’étais plus jeune, j’admirais les créations de la troupe du TAM, qui me faisaient rêver. J’ai été très marqué par des pièces montées dans les années 90 et qui m’ont donné envie de m’investir pleinement au sein de l’association : je pense d’abord à « Loin de Rueil », de Raymond Queneau et mis en scène par Rémi Patoux. Je garde encore en mémoire les moyens fous utilisés alors comme les tournages de films en noir et blanc façon Charlie Chaplin. Puis dans un genre radicalement différent mais très émouvant et qui m’a beaucoup marqué, je pense à « Des Souris et des Hommes », de John Steinbeck, mis en scène par Alain Bourbon. L’interprétation, le texte, l’histoire, très riche en émotions ! Et dans la continuité un grand classique du théâtre français : « Le Malade Imaginaire » de Molière, mis en scène également par Alain Bourbon au tout début des années 2000. Cette pièce a une résonnance particulière de par l’histoire de son comédien principal, là encore beaucoup d’émotions quand je repense à cette aventure.
Qu’est ce qui fait, selon vous, la particularité du Tam ?
Je suppose que beaucoup ont répondu la même chose mais je dirai que l’ADN du TAM, c’est sa diversité : diversité du répertoire tout d’abord, avec des pièces classiques d’auteurs très connus, d’autres contemporaines, des comédies, des tragédies, des pièces également percutantes de par le message qu’elles véhiculent, engagées, voire même polémiques pour quelques unes d’entre elles. Cette richesse est une marque de fabrique que l’on entretient précieusement. Nous partons du principe qu’au TAM, tout est possible. On a même pu financer et encadrer la création d’un court-métrage… Et puis la diversité c’est aussi celle des comédiens qui font l’association : que ce soit au niveau de l’âge, de l’ancienneté, des provenances géographiques, du métier, nous avons de tout au TAM et ça aussi c’est précieux ! Nous comptons parmi nous des comédiens 100% amateurs, des anciens professionnels, des futurs professionnels, tous les niveaux sont représentés. Enfin, une dernière spécificité : il n’y a pas de metteur en scène attitré au TAM. Toute personne qui compose l’association peut proposer un projet et le porter sur scène.
D’après vous, qu’est-ce qu’un bon interprète ?
Une question difficile. Personnellement, j’ai beaucoup appris en partageant quelques projets (que ce soit en tant que comédien ou metteur en scène) avec Rémi Patoux. J’ai par exemple appris qu’on ne peut pas jouer la comédie (au sens premier du terme) sans travailler. Autrement dit, être comédien, cela suppose du travail. Cela peut paraître évident mais ce n’est pas forcément le cas. Au théâtre, cela veut dire prendre du temps, s’investir pleinement dans un rôle. Et ce n’est pas toujours facile pour des personnes comme moi qui sont amateurs et qui ont un travail à côté. Autre chose qui pour moi me semble essentiel lorsque l’on interprète un rôle : le lâcher prise. Il faut s’abandonner et se laisser porter par un univers, une histoire, une identité qui n’est pas la nôtre et il faut en accepter les conséquences. Tout devient possible sur scène à partir de là. Enfin, un bon interprète est aussi un comédien qui accepte de se remettre en question et qui cherche perpétuellement à évoluer. C’est aussi la spécificité du spectacle vivant : c’est mouvant, évolutif, on ne peut jamais vraiment savoir ce qui se passera exactement sur scène d’une représentation à l’autre. Cette part d’inconnu est à la fois stressante mais c’est aussi ce qui fait le sel du théâtre.
Quel comédien ou quelle comédienne pro vous inspire ?
Le premier nom qui me vient à l’esprit quand je pense au monde du théâtre professionnel, c’est Philippe Caubère. Alors je suis embêté car au-delà de l’actualité regrettable qui touche le monde du cinéma et du spectacle, j’essaie de faire la part des choses et j’ai eu la chance d’aller voir Philippe Caubère au tout début des années 2000 à Feyzin. Il interprétait le premier épisode de son autobiographie : « Claudine ou l’éducation ». A lui seul, pendant près de 3h, un festival de personnages, une précision et une justesse de jeu incroyables et un pouvoir comique… C’était jouissif ! Je me suis ensuite passionné pour son histoire théâtrale et ai beaucoup suivi en parallèle les projets portés par le théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine dont il avait été un des comédiens éminents pendant des années. On touche à quelque chose de grandiose dans les moyens mis en œuvres et la mise en scène, mais si on pense à des professionnels du théâtre plus intimistes, j’ai été marqué par les mises en scènes de Philippe Vincent que j’ai pu apprécier au théâtre de la Croix-Rousse. Un univers totalement différent, plus sombre mais aussi drôle et décalé, mêlant du contemporain, du cinéma, de l’expérimental avec un message politique fort.
En quelques mots, parlez-nous d’une œuvre que vous aimez ?
Ces dernières années j’ai été particulièrement touché par le projet d’un réalisateur de cinéma (Jaco Van Dormael) et de son épouse danseuse (Michèle Anne de Mey). Ils ont en effet inventé le concept de « nanodanse » : de la danse avec les doigts. Cela peut paraître étrange mais il faut le voir pour comprendre. En effet, ce projet est composé de deux performances qui se déroulent sur scène avec une comédienne et un comédien et qui donnent lieu à un tournage en direct : « Kiss and Cry », puis quelques années plus tard « Cold Blood ». Les prises de vue sont très rapprochées et ne sont filmés que les doigts, ou les mains, en très gros plan. Ceux-ci évoluent dans des décors composés de maquettes sophistiquées, le tout sur une bande-son magnifique et racontant au public une histoire pleine d’émotions. Le film de ce qui se passe sur scène est retranscrit en direct sur un grand écran, le public assiste à la fois au jeu des comédiens et au visionnage du film. Le concept est incroyable et le succès de ces deux projets ne se dément pas : la troupe tourne partout dans le monde.
Qu’est-ce qui vous a motivé pour jouer dans la prochaine pièce du Tam ?
Je ne joue pas dans la prochaine pièce du TAM mais j’ai le plaisir de la mettre en scène. Assisté d’Alix, j’ai proposé en 2020 de porter sur scène la pièce « Ruy Blas » de Victor Hugo. Ce projet répondait à une attente assez forte des comédien(ne)s de l’association qui souhaitaient voir se monter un grand classique du théâtre français. Avec le COVID, nous avons dû reporter la création de ce projet et les répétitions ont finalement commencé en 2023, pour des représentations à la Pyramide de Marcy fin avril / début mai 2024. Et le projet suivant sera encore une mise en scène : avec mon frère Nicolas nous proposerons une aventure calquée sur le modèle du « Baron de Münchhausen » que nous avons proposée à Marcy en 2018/2019. Nous partirons d’une adaptation contemporaine d’« Alice au Pays des Merveilles » écrite par Fabrice Melquiot. Nous venons d’obtenir les droits, ce projet ambitieux réunissant pas moins d’une vingtaine de comédiens mélangera chansons, musique en direct, personnages complètement barrés, effets visuels en tous genres… Tous les ingrédients pour une aventure associative haute en couleurs.
Sébastien et Nicolas, ensembles à la direction du Baron de Münchhausen, une pièce ambitieuse avec une vingtaine de comédiens.
Racontez-nous une anecdote...
Il ne vaut parfois mieux pas savoir ce qui se passe en coulisses pendant que les comédiens jouent sur scène. On a pour habitude de se faire des petits coups tordus, notamment lorsque la dernière représentation d’une pièce approche. Certains sont franchement drôles et laissent de bons souvenirs. Je garde en mémoire une représentation de « Spécial Sang » à la Maison du Mail (lorsque la salle des fêtes était en reconstruction à l’époque). Me retrouvant sur le sol allongé, je dois faire le mort et mes jambes sortent de scène et dépassent en coulisses. Seul le haut de mon corps est visible du public. Derrière le rideau de scène, mon frère s’amusait à me prendre par les jambes et à me tirer pour me faire sortir de scène, puis essayait de me déboutonner et d’enlever mon pantalon. Je ne pouvais absolument pas réagir car j’étais censé être mort, mais je peux vous dire qu’intérieurement c’était très difficile de ne pas exploser de rire…
Nicolas et Sébastien
Azdak dans Le cercle de craie caucasien - Bertold Brecht - 2010
Bobo dans Le mystère Sherlock - Jean Marcel Erre - 2016
Joutes d'Improvisations - Urgence à l'Impropital - Création Tam - 2013
Cortès dans Aztèque - Michel Azama - 2015 / Court métrage Etat des lieux - Corinne Perraton - 2021
Rendez-vous en avril / mai avec Ruy Blas, la nouvelle mise en scène de Sébastien Fuoco.
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